Signatures du microbiote intestinal de la vulnérabilité à l’addiction alimentaire chez la souris et l’homme

Nouvelle avancée dans la prédiction de la prédisposition à développer une addiction à la nourriture grâce au microbiote.

Une étude de l’UPF et de l’IDIBGI, dirigée par un collaborateur de BIZIA, le Dr Rafael Maldonado, conseiller scientifique des colloques ATHS de Biarritz organisé par Bizia relie le microbiote intestinal à la prédisposition à développer une addiction à la nourriture.

– Cette étude dirigée par le collaborateur de Bizia, le Dr Rafael Maldonado, associe la présence de types spécifiques de bactéries dans le microbiote intestinal à une vulnérabilité ou à une résilience à développer ce trouble du comportement. L’étude identifie également le rôle bénéfique d’une bactérie appelée Blautia, qui peut aider à la prévenir l’addiction à la nourriture avec l’aide de prébiotiques.

L’article, publié dans le journal Gut, permet de mieux comprendre le lien entre cette altération comportementale et le microbiote intestinal, et permet d’avancer vers de futurs traitements de cette addiction et des troubles alimentaires associés.

– Biarritz, 27 juin 2004. Une étude de l’Université Pompeu Fabra (UPF) et de l’Institut de recherche biomédicale de Gérone (IDIBGI), dirigée par un collaborateur de BIZIA, le Dr Rafael Maldonado, identifie une relation entre la composition du microbiote intestinal et la vulnérabilité à développer une addiction à la nourriture. Les résultats lient la présence de certains types de bactéries à une prédisposition plus ou moins grande à souffrir de ce trouble. Ces découvertes constituent également une avancée pour pouvoir trouver de compléments alimentaires nouveaux traitements contre cette addiction et les troubles alimentaires associés, qui s’appuient sur des microbes bénéfiques, ce qui pourrait passer par la création de comme ceux qui sont décrits dans l’article.

L’addiction alimentaire est un trouble qui présente une perte de contrôle sur la consommation de nourriture, pouvant conduire à l’obésité et altérer le microbiote intestinal. Dans cette étude, publiée dans le journal Gut, l’équipe de recherche a analysé si la composition du microbiote intestinal peut jouer un rôle dans les mécanismes impliqués dans l’addiction à la nourriture.

– Ainsi, il a été détecté que certains types de bactéries, les protéobactéries, sont liées au développement de ce trouble. En revanche, il a été constaté que la présence d’un autre type de bactérie, les Actinobactéries, aurait des effets protecteurs contre l’addiction à la nourriture. De plus, l’étude décrit également le rôle bénéfique d’une espèce particulier de bactérie. Il s’agit de Blautia wexlerae, généralement peu présente dans le microbiote des personnes et des souris souffrant d’addiction alimentaire. En administrant des compléments alimentaires favorisant la croissance de Blautia dans l’intestin, l’addiction alimentaire est certainement améliorée. Ces résultats sont cohérents chez les humains et les souris. « Les compléments alimentaires identifiés dans notre étude pourraient représenter des nouvelles approches thérapeutiques pour prévenir ou traiter le développement de l’addiction à la nourriture et des troubles alimentaires associées » remarque le Dr. Rafael Maldonado, collaborateur de BIZIA, qui est le directeur de l’étude.

– L’article permet de mieux comprendre le lien entre cette altération du comportement de prise alimentaire et le microbiote intestinal et ouvre la voie à de futurs traitements. Ces traitements pourraient augmenter la présence des micro-organismes bénéfiques pour la prévention ou le traitement de l’addiction à la nourriture et des troubles de l’alimentation associés qui représentent un problème épidémiologique très importants dans l’Europe et l’ensemble des pays de l’Amérique.


Dr Rafael Maldonado, chef du groupe de recherche en neuropharmacologie
Dr Rafael Maldonado, chef du groupe de recherche en neuropharmacologie


Caractérisation de sous-populations extrêmes de souris dépendantes et non dépendantes.
Caractérisation de sous-populations extrêmes de souris dépendantes et non dépendantes.

BIZIA récompensé !

Tout le monde connait le CSAPA/CAARUD de Bayonne, dirigé par le Docteur psychiatre addictologue Jean-Pierre Daulouède, BIZIA est toujours très actif sur le terrain mais aussi dans les congrès d’addictologie .

Cette année ils ont présenté au congrès international de l’Albatros leur activité de lutte contre l’hépatite C entre 2011 et 2021 :
– les dépistages par TROD , mais aussi l’évaluation des fibroses grâce au FibroScan® et depuis peu, la recherche de virus en une heure avec un GeneXpert ®.

Depuis 10 ans, 1 041 TRODS ont été réalisés, 119 patients ont été traités de leur hépatite C, et encore 17 en 2021

Aujourd’hui parmi les UD qui sont suivis à Bizia, seuls 4% des toxicomanes sont encore positifs virologiquement .

Pour les féliciter de ce travail remarquable, Cyril OLAIZOLA a reçu le prix « Prévention et Addictions » du congrès de l’Albatros à Paris en juin 2022 pour son projet :

Élimination de l’Hépatite C au Pays Basque : de « l’aller vers », au dépistage puis au traitement.

Cyril OLAIZOLA "Albatros 2022"

 

Dépistage de l’Hepatite C

Dépistage gratuit du virus de l’Hépatite C à Bayonne

– Semaine du 22 au 26 juin pour tout public majeur, sans rendez vous et gratuit.

– Organisé par les équipes de Centre de Soins d’Accompagnement et de Prévention « CSAPA« , le Centre d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour les Usagers de Drogues (CAARUD) BIZIA et le service de gastroentérologie du Centre Hospitalier de Bayonne de la Côte Basque (CHCB).

Parmi les 200 000 personnes en France porteuse du VHC, environ 1/3 ignore qu’elle est contaminée. Il existe aujourd’hui des traitements efficaces permettant une guérison dans 99 % des cas.

Cliquez sur l’image pour l’agrandir


Le cannabis dans le monde

Légalisé, dépénalisé, prescrit… le cannabis dans le monde en neuf graphiques

Excellent article actualisé le 09 septembre 2019 sur la dépénalisation, la légalisation et l’usage thérapeutique du cannabis au niveau mondial.

Pour établir ces chiffres, Maxime Vaudano et Pierre Breteau ont travaillé avec les sources ouvertes que sont les agences publiques telles que l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) ou encore le Drug Law reform in Latin America (TNI) ainsi qu’avec les articles de presse consacrés aux aspects juridiques et réglementaires.
Sans prétendre à l’exhaustivité, leur recensement s’attache à être le plus complet possible. Vous trouverez un certain nombre de détails sur les législations au survol des infographies.

Temps de Lecture 3 min.

Cliquez sur l’image ou sur ce lien pour lire l’article dans Le Monde ! !


eCigarette

La cigarette électronique est-elle dangereuse ?

Est-ce que vapoter est mauvais pour la santé ? C’est la question au cœur des Idées Claires, notre programme hebdomadaire produit par France Culture et franceinfo destiné à lutter contre les désordres de l’information, des fake news aux idées reçues. Le CDC, le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis, part en guerre contre la vapoteuse. Selon l’agence américaine le nombre de décès liés à la cigarette électronique est en nette augmentation, sans compter la multiplication des maladies pulmonaires. De son côté la Food and Drugs Administration, l’agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux, assure que les arômes mentholées des e-cigarettes sont cancérigènes. Une guerre américaine dont les premières batailles ont déjà été remportées : New York et San Francisco ont interdit l’usage des cigarettes électroniques dans l’espace public. L’Inde vient de prendre les même précautions. La vapoteuse est-elle dangereuse ? Plus ou moins que la cigarette ?

Voici les réponses du Dr Marion Adler, médecin et tabacologue à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart.

 

Le Sucre

Serge Ahmed :

a soutenue sa thèse de Doctorat en 1995 sur le rôle du conditionnement Pavlovien dans les addictions aux drogues. Il a ensuite orienté ses recherches postdoctorales vers l’étude des bases neurobiologiques des transitions usage-addiction et abstinence-rechute (Laboratoire du Pr George Koob, The Scripps Research Institute, La Jolla, Californie). Depuis son recrutement au CNRS, en décembre 1999, ses recherches portent principalement sur la neurobiologie des addictions et allient des modèles expérimentaux très originaux à des outils d’enregistrement et de manipulation de l’activité neuronale de pointe.

Son exposé lors du colloque ATHS sur « l’Addiction au sucre » est absolument fascinante. A voir et à partager sans modération !

 

La Méthadone

Mary Jeanne Kreek :

est neurobiologiste, spécialisée dans l’étude et le traitement de la toxicomanie. Elle est professeur à l’Université Rockefeller de New York, et l’une des pionnières des traitements à base de méthadone aux Etats-Unis.

Intervention video en 4 parties lors du colloque ATHS

suivi de

Entretien dans le journal Suisse « Le Temps »

 




Eclairage. Légales ou illégales, les drogues changent notre cerveau.

Qu’est-ce qui fait que les drogues nous séduisent si facilement et si durablement?
La réponse du bon sens est qu’elles nous procurent, chacune à sa manière, un bien-être accru qu’il devient, à la longue, difficile de maintenir sans y recourir toujours plus fréquemment. Les découvertes récentes de la neurobiologie permettent à la fois d’étayer et de nuancer cette réponse. Vu du laboratoire, le phénomène des dépendances reste extrêmement complexe. Mais en le comprenant mieux on apprend à ne pas lui donner des réponses inefficaces, voire contre-productives. C’est ce qu’explique Mary Jeanne Kreek, professeur à l’Université Rockefeller de New York et l’une des pionnières des traitements à base de méthadone aux Etats-Unis.

«Aujourd’hui, argumente-t-elle, tout le monde est plus ou moins d’accord pour considérer que l’héroïnomanie est une maladie. Mais pendant longtemps, on a considéré qu’il s’agissait d’un vice, d’un comportement antisocial. On lui a donc opposé des «remèdes» éducatifs ou répressifs qui ne résolvaient rien puisqu’ils ne donnaient pas de réponse au problème central des personnes dépendantes de l’héroïne, à savoir que leur métabolisme cérébral est perturbé par la consommation de drogue.»

Que sait-on aujourd’hui des mécanismes d’action de l’héroïne?

On a réussi dans les vingt dernières années à prouver scientifiquement un certain nombre d’hypothèses que nous formulions déjà entre 1964 et 1970. La première est qu’il existe dans le corps humain une fabrication endogène de molécules comparables dans leur action aux opiacés. Ces molécules agissent sur le contrôle de la douleur et influencent notre réponse au stress. Elles ont également un effet sur notre système gastro-intestinal, sur nos réponses immunitaires et sur les fonctions reproductives. L’héroïne et la morphine agissent sur ce système.

Est-ce une spécificité des opiacés?

Non : le tabac, la cocaïne et l’alcool ont en commun avec les opiacés d’agir à la fois sur nos mécanismes de contrôle de la douleur et du plaisir et sur notre réponse au stress. Mais cette action varie de cas en cas. Une situation de stress déclenche dans l’organisme la décharge d’hormones spécifiques. La prise d’héroïne atténue cette réponse, qui réapparaît de façon très aiguë au moment du sevrage. Si vous tenez compte du fait que l’héroïne a une très brève durée de vie dans l’organisme et qu’un héroïnomane traverse plusieurs sevrages par jour, cela vous donne une idée du traitement en dents de scie qui est infligé à son métabolisme. A l’inverse, la cocaïne, comme d’ailleurs l’alcool, accentue la réaction au stress. Si l’on répète les prises, l’effet s’émousse, ce qui explique qu’il faille consommer davantage de produit pour obtenir le même effet stimulant. Mais il y a plus important: chez des animaux auxquels on injecte des doses régulières d’héroïne ou de cocaïne, on constate des modifications durables du métabolisme.

Répondre à la toxicomanie par l’injonction à l’abstinence est donc une réponse inappropriée?

C’est plus compliqué que ça. Nous disposons d’un produit qui permet de normaliser de façon satisfaisante les déséquilibres métaboliques induits par l’héroïne, c’est la méthadone. Il est absurde de contraindre à l’abstinence des personnes qui peuvent mener une vie parfaitement heureuse et intégrée en recevant de la méthadone. On en a fait l’expérience en 1973 aux Etats-Unis avec la publication de nouvelles règles fédérales sur les traitements à base de méthadone qui limitaient la durée de ces traitements à deux ans. De nombreuses personnes ont donc vu leur traitement interrompu. Cela a été fait dans les règles de l’art, en diminuant progressivement les doses, et sur le moment cela s’est très bien passé. Mais un an plus tard, 90% des patients ainsi sevrés s’étaient mis à consommer un autre psychotrope, de l’héroïne pour 70% d’entre eux… En 1976, la directive était supprimée.

Cela, c’est valable pour l’héroïne. Pour l’alcool, on obtient de bons résultats avec la naltrexone, qui est ce qu’on appelle un antagoniste de la morphine et semble compenser chez certains alcooliques les déséquilibres qui apparaissent au moment du sevrage. Pour la cocaïne, nous ne disposons pas d’un médicament comparable à la méthadone. Il faut dire que son mécanisme d’action est différent et plus complexe – mais il faut dire aussi que la stigmatisation qui frappe encore la toxicomanie n’encourage guère les grandes firmes pharmaceutiques à orienter la recherche dans cette direction. Quoi qu’il en soit, dans un tel cas, les groupes de soutien à l’abstinence, sur le modèle des alcooliques anonymes peuvent jouer un rôle précieux.

Sommes-nous égaux devant la drogue?

Certainement pas. D’abord, on peut penser au 10% de personnes qui, dans l’expérience américaine ont pu rester abstinentes après qu’on a mis fin abruptement à leur traitement par la méthadone : il est vraisemblable que ces personnes ne sont pas identiques sur le plan génétique aux 90% qui n’y sont pas parvenues… Plus généralement, on peut dire aujourd’hui que les maladies en général sont le résultat de nombreux facteurs dont une partie sont liés aux prédispositions génétiques du sujet et une autre partie à l’environnement. C’est également le cas des toxicomanies. Parmi les personnes qui deviennent dépendantes de l’héroïne, un nombre important présentait probablement un déséquilibre préexistant des mécanismes de gestion du stress. Certaines en souffraient sans doute, d’autres ne l’avaient pas remarqué mais tous ont lié, si l’on peut dire, une relation privilégiée avec l’héroïne. Pour la cocaïne, le facteur génétique est sans doute moins important. Mais quelle que soit son importance au début, ce facteur joue un rôle central dans le développement des toxicomanies. En effet, la prise continue d’une drogue entraîne une modification, non du programme génétique lui-même, mais de la façon dont il est exécuté dans l’organisme. Nous avons donc affaire à des phénomènes très complexes et il est important de leur donner une réponse médicale aussi professionnelle et adéquate que possible.

* Mary Jeanne Kreek, professeur à l’Université Rockefeller de New York, est l’une des spécialistes mondiales des dépendances.